En cours d’écriture…
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Un jour, j’ai trouvé chez un brocanteur un meuble de casiers de lettres d’imprimerie. Ces univers fragmentés m’ont fait penser aux limites dans lesquelles vivent les humains. Certains quittent leur case pour une autre, d’autres se tiennent sur le bord, ou en dehors, toujours accrochés à une structure. J’ai donné à ces casiers le nom de CABAJOUTIS, comme ces constructions disparates que l’on rajoutait aux maisons.
« Cette maison était une de celles qui appartiennent au genre dit cabajoutis. Ce nom très significatif est donné par le peuple de Paris à ces maisons composées, pour ainsi dire, de pièces de rapport. C’est presque toujours ou des habitations primitivement séparées, mais réunies par les fantaisies des différents propriétaires qui les ont successivement agrandies ; ou des maisons commencées, laissées, reprises, achevées ; maisons malheureuses qui ont passé, comme certains peuples, sous plusieurs dynasties de maîtres capricieux. Ni les étages ni les fenêtres ne sont ensemble, pour emprunter à la peinture un de ses termes les plus pittoresques ; tout jure, même les ornements extérieurs. Le cabajoutis est à l’architecture parisienne ce que le capharnaüm est à l’appartement, un vrai fouillis où l’on a jeté pêle-mêle les choses les plus discordantes. »
Honoré de BALZAC, Ferragus, chef des Dévorants (1883)
En cours d’écriture…
D’abord il y eut les ombres d’un bouquet sur la table blanche : ombres claires, sombres, mouvantes… Et j’ai pensé qu’ainsi, en l’homme, s’agitent son passé, son présent, son avenir.
Et cette idée de “l’homme et ses ombres” m’a amené à créer les DÉCORS (couvercles, boîtes avec collages, dessin, peinture, matières…) et à chercher l’ombre claire et réfléchissante.
Mercredi 11 août 1999, jour de la Sainte-Claire…
Depuis des semaines, les marchands écoulent leurs stocks de lunettes spéciales, et depuis des jours, les conversations ne parlent que d’eux : la lune et le soleil ont enfin rendez-vous, et cette agitation va s’apaiser…
En Gâtinais, nous ne sommes pas dans la bande idéale, mais la journée est assez belle pour partager un moment avec des amis.
Alors l’attente commence. Ce que ne sentent pas encore les plantes et les animaux nous envahit peu à peu : une inquiétude…
Et tout devient silence. Nous sommes suspendus dans l’atmosphère muette, baignés de teintes si inhabituelles. La nuit à midi !
De retour à l’atelier, je ressens l’urgence de retenir la perception de ce moment.
C’est peut-être avec les cueillettes que nous faisions en famille que mon regard sur la nature s’est aiguisé. Faire un bouquet des premières violettes, reconnaître un champignon parmi les feuilles mortes, guetter le fruit mûr sur l’arbre, la noisette sous la branche, goûter ce que la nature nous offre : quelle récompense !
Depuis longtemps je guette l’écorce de l’arbre, ses branches, ses feuilles, la mue des platanes si colorés les jours de pluie, les lichens, les mousses, les blessures, les gerçures, la rugosité, le lisse, le doux, le chevelu, le velu, le granuleux… Autant de matières, de lignes et de teintes à saisir sur la peau de l’arbre. Du jour où mon œil s’est arrêté sur un détail d’écorce, je n’ai cessé de faire des allers retours entre la nature, le concret et l’imaginaire – entre figuratif et abstrait.
En cours d’écriture…
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Mon outil, c’est un petit bout de métal que j’ai gardé trois ans dans mon atelier de bricolage, avec l’idée de l’utiliser un jour. Il me renvoie aux immeubles, aux cages, aux prisons, comme dans mes Cabajoutis ou les modelages de mes Terres. Il y a toujours une limite, un début, une fin. C’est le cadre du vivant.
Sur le motif, à l’aube ou au coucher du jour, émue par les premières et les dernières teintes et couleurs de la campagne, je suis en quête d’un accord, un bien-être, une plénitude que m’offrent la nature. Une sensation de bonheur simple et entier…
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La série des “Petites bêtes” a commencé quand j’ai rapporté un vieux dictionnaire, bien abîmé, avec des illustrations d’une grande finesse.
L’idée m’est venue de les découper avec précision et les disposer ou les fondre dans des créations nouvelles ou anciennes.
J’ai aussi utilisé comme support des partitions de piano du début du siècle dernier.
En cours d’écriture…
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- Pêle-mêle
- Blessures de l'arbre
- Bonshommes
- Cabajoutis
- Horizons
- Décors
- Éclipses
- Écorces
- Fenêtres
- Fleurs de mon jardin
- Grilles
- Pays sages
- Percées
- Petites bêtes
- Taches raies
- Visages

























































































